A
– LES ORIGINES DE LA POTERIE
a) Avant la poterie :
A l’origine, sur le
lieu dit " de pointe " à Gradignan, se trouvait une tuilerie
traditionnelle. Ce genre de tuilerie était fréquent à
l’époque et correspondait à des besoins locaux. Les
techniques utilisées ainsi que le four étaient des plus
simples.
L’argile était extraite
sur place et le combustible provenait de fagots de bois
ramassés dans les forêts avoisinants.
b) Modalités
d’acquisition :
Monsieur Vincent DESBAT
prit en location, le 20 novembre 1881, par bail de neuf ans,
cette tuilerie pour y créer sa poterie. A l’expiration du
bail, le 18 décembre 1890, il acheta la poterie au Baron
Siméon Henri POISSON (ci-joint les différentes origines de
propriétés).
Le prix de vente fut
fixé à 41.500 francs, payables de la façon suivante :
16.500 francs comptant, 10.000 dans un délai de cinq ans et
15.000 francs dans un délai de 10 ans.
Ces sommes devaient
être payées par acompte de 5.000 francs au moins, productifs
d’intérêts à raison de 5% an exigible par semestre.
La poterie à l’époque
comprenait : une maison d’habitation et son jardin : les
fours, les ateliers, l’habitation du charretier, les écuries
et les remises de la poterie. Le tout se trouvait sur un
terrain de 3 hectares 78 ares et 65 centiares.
c) Les
successeurs de Monsieur DESBAT :
Monsieur DESBAT avait
auparavant travaillé pour la faïencerie David JOHNSON, et un
temps chez son beau frère potier à Canéjan.
Après Vincent DESBAT,
ce sera Firmin LABORDE, son employé à l’origine comme
tourneur et devenu son gendre, qui reprendra la direction de
la poterie.
A sa suite, Vincent et
Gustave LABORDE, fils de Firmin, reprendront la poterie. Ils
ont étudié les émaux et la terre en Espagne et à Limoges.
Pour continuer cette
tradition familiale, Roger fils de Vincent, et Jean fils de
Gustave, remplaceront leurs pères. Roger et Jean seront
formés à Sèvres.
B
– LA TERRE
a) Sa provenance :
Par contrat, l’argile
devait être extraite sur les terres du Baron POISSON. Seules
les terres réfractaires qui ne s’y trouvaient pas pouvaient
être achetées ailleurs, ceci pour une période de dix ans,
soit de 1890 à 1900.
Le prix du mètre cube
fut fixé à 50 centimes, fut à la charge de Monsieur DESBAT
de niveler le terrain après l’extraction, et les arbres dont
l’enlèvement serait nécessaire revenaient au Baron POISSON.
Par la suite, on
utilisera des argiles d’autres provenances : Canéjan,
Belin-Beliet, Limoges.
b) Sa
préparation :
L’argile était extraite
du sol à la pioche, chargée dans des charrettes et ramenée à
la poterie.
Elle était ensuite
diluée avec de l’eau pour former une barbotine. Cette
dernière était tamisée pour la débarrasser des plus grosses
impuretés, puis mise à décanter dans des bassins.
Ces bassins de
décantation étaient faits de petits murs de 50 cm de haut,
le fond tapissé de carreaux de gironde posés sur un lit de
sable, permettant à l’eau de s’évacuer et retenant
l’argile.
Après un mois dans ces
bassins, la barbotine avait évacué une bonne partie de son
eau mais était encore trop molle pour être travaillée. Elle
était mise dans des moules en plâtre pour finir son
raffermissement.
Une fois que l’argile
avait une bonne consistance, elle passait dans un malaxeur
qui du temps de Mr DESBAT était entrainé par une mule qui
tournait dans un manège.
L’argile était ensuite
stockée dans une salle voutée (qui existe toujours) et était
prête à l’emploi.
c)
L’évolution :
Petit à petit, les
techniques vont évoluer :
- L’extraction
sera mécanisée,
- les
charrettes remplacées par des camions,
-
l’argile sera diluée par des
agitateurs mécaniques,
- Après tamisage, la
barbotine sera mise dans des filtres presses qui
raffermiront l’argile en quelques heures. Le malaxeur sera
mu par un moteur, L’évolution de ces techniques permettra
de réduire la main d’œuvre, de gagner du temps et enfin de
diminuer les stocks de terre nécessaire.
C
– LES TECHNIQUES DE FACONNAGE
Quatre techniques de façonnage furent
employées : le tournage, le moulage, le calibrage et le
pressage. Les deux premières furent le plus utilisées.
a)Le
tournage :
La poterie employait quatre tourneurs
payés à la pièce.
Les tours étaient activés au pied.
Chaque tourneur travaillait avec un aide et un apprenti.
Leur tâche était de préparer la terre, la pétrir, la peser,
la mettre en boule, de poser les anses et de nettoyer les
pièces et de les manipuler.
Dans les dernières années de la
poterie, on utilisera des tours électriques, ce qui ne
changera pas la technique.
b)Le
moulage :
c)
Le calibrage :
Une calibreuse est un tour mécanique,
elle a surtout été utilisée pour la fabrication des pots de
fleurs.
La poterie possédait aussi une
calibreuse à ovaliser qui servait à fabriquer les plats
ovales.
d)
Le pressage :
La presse servait à fabriquer les pots
de résine.
Une fois les pièces terminées, elles
étaient mises à sécher au premier étage près du four, sur de
grands rayonnages, en attendant leur enfournement.
D
– LA CUISSON
a) Les
fours :
Il existait trois
grands fours à Gradignan, deux existent toujours. Ils sont
cylindriques et couramment appelés « fours bouteilles » à
cause de leur forme.
Ces fours sont
construits sur deux niveaux :
- En bas, une chambre
de cuisson avec quatre foyers. Elle servait à faire cuire
les pièces déjà émaillées et ayant subit auparavant une
première cuisson dans la chambre du haut. La température de
cuisson dans cette chambre atteignait 1 200 degrés.
-
En haut, une seconde chambre de
cuisson appelée « globe ». On y enfournait les pièces
sèches pour leur faire subir une première cuisson.
Certaines pièces en
restaient là, tels les pots de résine et les pots de fleurs.
La température du globe atteignait 900 degrés.
b)
L’enfournement :
On utilisait trois
techniques d’enfournement :
- Dans le globe,
les pièces étaient empilées les unes sur les autres. On
prenait soin de mettre les pièces les plus grosses en bas,
afin que les piles ne s’effondrent pas. Ce type
d’enfournement est appelé « en charge ».
Dans la chambre du bas,
on utilise deux autres principes :
- l’enfournement « en
gazette » : les gazettes sont des boites en matière
réfractaire dans lesquelles on dispose les pièces à cuire.
Elles isolent et protègent les pièces du contact direct des
flammes. Les gazettes sont empilées les unes sur les autres.
- l’enfournement « en
plancher » : il consiste à réaliser des étages sur lesquels
les pièces sont posées. On utilise pour cela des plaques et
des piliers en matière réfractaire.
L’enfournement prenait
une journée.
c) La cuisson :
Il y avait deux
équipes de deux personnes pour s’occuper des fours. Le
combustible utilisé était le charbon.
La cuisson durait 24
heures et 4 tonnes de charbon étaient nécessaire pour
atteindre 1 200 degrés dans la chambre du bas.
Le contrôle de la
température se faisait au moyen de montres fusibles, petits
bâtonnets de matière céramique qui fusionnent à une
température donnée. Il en existe pour chaque température.
A 1200 degrés, on
retirait du four une petite pièce qui servait de témoin pour
voir si l’émail avait bien fusionné.
d) Evolution :
En 1935, on construisit
un nouveau four destiné à la cuisson des pièces décorées :
un four à moufle. Il était beaucoup plus petit, d’un volume
de 2 mètres cube seulement.
Ce four avait pour
avantage de mettre les pièces à l’abri des flammes. Il était
fait d’une grande gazette autour de laquelle les flammes
tournaient. Ce four était chauffé au bois.
E
– L EMAILLAGE ET LA DECORATON
a) L’émaillage :
On versait à l’intérieur
des pièces un bain d’émail que l’on renversait
aussitôt. Puis était trempée dans un autre bain
d’émail.
L’émail intérieur était
de couleur crème, alors que l’émail extérieur
était brun.
On utilisait un émail
felsphatique coloré par ajout de manganèse et de
fer, il était acheté à Limoges.
b) La décoration :
Le décor était fait au pochoir. Les
pièces étaient blanches et le décor bleu.
F
– LES PRODUITS
On
peut distinguer trois grandes productions :
- Les terres cuites
- Les grès
- Les faïences décorées.
a)
Les terres cuites :
- Pots à résine
- Pots de fleurs.
B) Les grès :
-Les pichets
-Les casseroles
-Les pots à graisse
-Les bouillottes
-Les poêlons
-Les mazarines
-Les terrines à pâté
-Les filtres à café.
C) Les faïences décorées :
(surtout la vaisselle)
-Les gardalants (bassines pour se
laver les mains et le visage)
-Les marabouts
-Les ménageons (toutes les pièces
étaient tournées en sorte de petites dinettes pour faire des
jeux d’enfants) .