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JACQUES KAUFMANN

Jacques Kaufmann:  Né en 1954 à Casablanca (Maroc). Vit et travaille en France et en Suisse. Depuis 1994, professeur responsable du département céramique à l’École d’Arts Appliqués, Vevey.
Membre du Conseil de l’Académie Internationale de la Céramique (AIC).

 

Celui qui connaît le travail de Jacques Kaufmann sait à quel point la brique est présente dans son œuvre. Les amoncellements ou les agencements de briques saisis lors de déplacements en Chine révèlent une véritable esthétique, forme naturelle et pragmatique de l’installation. Ce qui touche le céramiste, c’est l’évidente beauté du « faire », alors même que le dispositif et sa mise en œuvre ne visent pas un résultat plastique. Dans une réinterprétation toute personnelle, sur la base d’un idéogramme imaginaire Ordre double, il a conçu une structure qui accueille pêle-mêle des briques gravées, inspirées d’objets funéraires anciens. Assumant ses sources, et commentant l’une de ces briques trouvée à Canton (Guangdong), Kaufmann y perçoit trois niveaux de lecture : allusion au sacré (signes sanscrits et représentation de Bouddha), réalité céramique (craquelures de surcuisson) et présence de l’humain et de son environnement (empreintes des pattes d’un chat…)
(ill. p. 20). Cette triple référence poussera le céramiste à décliner sur ses pièces écriture, signes abstraits et figuration. Un émail vert façon Tang viendra parfaire le tout.


La conjonction de l’humain et du sacré est une constante dans l’œuvre de l’artiste. Sous le titre générique Entre rien et quelque chose, prendre et jeter, on se souviendra de la série de travaux où de « petites têtes » ont été conçues en mémoire de milliers d’ouvriers disparus lors de la réalisation de la sépulture de l’Empereur Qin Shi Huangdi. En filigrane, un discours sur le pouvoir et ses abus dépasse de loin les frontières spatiales et temporelles de la Chine. Kaufmann rend une nouvelle fois hommage à ces céramistes inconnus. L’œuvre, intitulée Ghosts, est composée de très fines plaques de porcelaine estampées. Un éclairage indirect fait apparaître les visages des individus ainsi honorés, comme si leur esprit s’ancrait dans la matière. Par ce travail, le céramiste apporte sa contribution aux nombreuses légendes chinoises selon lesquelles des esprits viennent tirer les pieds des vivants afin de se rappeler à leur souvenir, titillant leur conscience.


L’humain et le sacré se rejoignent également au cœur d’un tout autre travail réalisé avec des dalles de pavement similaires à celles de la Cité Interdite. Ces plaques massives, fabriquées sans ménagement, Jacques Kaufmann les a voulues riches en contrastes, brutes et raffinées à la fois.
La densité de la matière est confrontée à la légèreté – dans les deux sens du mot ! – d’une estampe japonaise érotique. L’image et la dalle, traitées avec véhémence, seront tour à tour soumises à la technologie de pointe : ordinateur, machines à commande numérique permettant la découpe laser, jet d’eau à très haute pression, ou encore sablage et polissage. Tradition métissée de modernité. Cette triple confrontation – technique, thématique et formelle – donnera au final sa force à l’œuvre ainsi réalisée.


Sacré ou profane, abstrait ou concret, humain ou industriel, le signe que traque Jacques Kaufmann est toujours révélateur d’une énergie dont l’origine est recherchée par le céramiste.
Par le brassage et la distance à la fois culturelle, temporelle et spatiale, il vise à lui redonner du sens dans une forme nouvelle.
 

JACQUES KAUFMANN

PAYSAGE

SUZHOU, ET LE FOUR IMPÉRIAL DE LUMU

Menacées dans leur site historique, les briques de Lumu portent toujours haut leur statut de « briques impériales ». Leur histoire, dimension et masse hors normes, leur cuisson noire utilisant l’eau pour leur enfumage, le moyen rudimentaire lié au façonnage (un cadre de bois, de l’argile molle pressée avec les pieds dans le moule, etc.), tout est là pour exciter l’imagination du céramiste. Nous sommes là devant une technologie « fossile » intacte, datant de l’époque Ming. Découpe laser, découpe par jet d’eau à haute pression, sablage industriel font partie de la high-tech contemporaine. Associés à des procédés de traitement de l’image, ces outils permettent de traduire, dans le matériau, toutes formes de dessin et de desseins. La précision et la puissance de l’outil permettent de faire une dentelle de ce matériau utilisé pour sa résistance par les empereurs chinois. Un dessin érotique japonais, traité par voie informatique, associe l’éphémère de la rencontre à la pérennité du matériau traversé.

Né en 1954 à Casablanca (Maroc). Vit et travaille en France et en Suisse
Depuis 1994, professeur responsable du département céramique à
l’École d’Arts Appliqués, Vevey

Membre du Conseil de l’Académie Internationale de la Céramique (AIC)

Résidences en Chine

1999 Premier séjour en Chine, visite des principaux lieux de production
traditionnels et industriels

2003 Séjour de travail à Fuping, Xi’an (Shaanxi), Tangshan (Hebei), Jingdezhen (Jiangxi)

et préparation de l’exposition « Beyond Tradition, Three Swiss Ceramic Artists »
au Musée d’Art du Guangdong, Canton

2004 Fin des travaux pour le Musée d’Art du Guangdong et montage de l’exposition

2005 Montage d’exposition à la Fine Arts College Gallery, Université de Shanghai

Collectage de jarres à Canton, Jingdezhen, Yixing (Jiangsu), pour les « 1000 ans de la Ville d’Aubagne », France

2008 Séjour à Jingdezhen, Shanghai et Xi’an Ces séjours ont donné lieu à des expositions et des conférences tant en Chine qu’en Europe.

Expositions

2004 « Beyond Tradition, Three Swiss Ceramic Artists », Guangdong Museum of Art, Canton

2005 « East looks West », Fine Arts College Gallery, Shanghai University, Shanghai, Chine

2006 « A faire A suivre », Musée d’art et d’histoire, Neuchâtel, Suisse

2007 « Retour de Chine », Biennale de Vallauris, Chapelle de la Miséricorde et Chapelle Picasso, Vallauris, France

« Têtes flottantes », Abbaye d’Arthous, Hastingues, France

2009 « Fragments de mémoire du monde », Galerie Hélène Porée, Paris, France

« Scène du monde. Dix ans de voyages en Chine », Fondation Baur, Genève, Suisse

Editions

1999 Ceramic Dialogue, Beijing, Hap Pottery Series N°1

2002 Overseas Contemporary Ceramic Art Classics, Bai Ming, Jiangxi Fine Art Publications, Chine

2004 World-Famous Ceramic Artists’ Studios, volume of Europe, Bai Ming, Hebei Fine Arts

Publishing House, Chine

2005 Beyond tradition, Guangdong Museum of Art, Guangzhou, Chine

East looks West, Fine Arts College Gallery, Shanghai University, Shanghai, Chine

« Par tous les ventres féconds de la terre », J. Kaufmann, Voyage d’argile, Aubagne, France

2006 Céramique contemporaine, Biennale internationale, Vallauris 2006, Somogy Editions d’art, Paris, France

A faire A suivre, Philippe Barde et Jacques Kaufmann, Résidences, Chine 1998-2005,

Installations, Musée d’art et d’histoire, Neuchâtel, SuisseWorld Contemporary Public Ceramic Art, Zhang Yushan, Hunan Fine Arts Press, Chine

2007 « À faire, à suivre : la rumeur du monde », C. Andréani, Revue de la Céramique et du Verre.

 

 

 

 

 

 

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